Un diplomate mauritanien situe les causes de blocages politiques dans son pays
Mohamed Vall Ould Bellal
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APA-Dakar (Sénégal) Le Haut Conseil d’Etat de Mauritanie, arrivé au pouvoir le 6 août dernier est sur le point d’amorcer un dialogue politique impliquant toutes les forces vives de la nation, a confié vendredi à APA l’ambassadeur mauritanien au Sénégal, Mohamed Vall ould Bellal.
L’enracinement de la démocratie de « type moderne » se heurte, en Mauritanie, aux réalités d’un tissus social découpé en tribus, clans, castes et groupes ethniques, à la fois traditionalistes et conservateurs, et c’est au "parachèvement de l’expérience enclenchée en 2005", que s’attèlent les nouvelles autorités du pays, a expliqué le diplomate.
«Les nouvelles autorités se sont engagées dans un canevas de travail visant une ouverture de concertations pour parachever l’expérience démocratique enclenchée en 2005 », a affirmé l’ambassadeur Ould Bellal, ancien ministre des affaires étrangères de Mauritanie.
Selon lui, le nouveau régime en place à Nouakchott s’évertue à inscrire son action dans une optique de « valorisation du fait démocratique » en Mauritanie.
Dans son diagnostic des blocages, l’ambassadeur explique que «les mécanismes expérimentés se sont révélés inaptes à légitimer durablement les pouvoirs publics. Preuve que la démocratie mauritanienne naissante cherche son ancrage».
Ould Bellal soutient qu’il faut du « temps, de la persévérance et de la patience », pour parvenir à une adéquation entre des institutions démocratiques et le niveau de la pratique politique en Mauritanie.
La mentalité générale est encore "largement extérieure" aux notions fondatrices du régime démocratique tel que conçu par l’Occident, où l’individu prime sur la communauté et la responsabilité collective, a plaidé l’ambassadeur.
Une démocratie «subit des revers, trébuche puis se redresse » avant de se consolider, a soutenu Mohamed Vall ould Bellal, en poste à Dakar depuis un an.
Parlant de ce qu’il estime être "à l’origine des blocages politiques" dans son pays, l’ambassadeur cite des facteurs, dont les modes de scrutins (national, proportionnel et uninominal à deux tours), le forcing pour parvenir à la parité homme - femme et le statut du chef de l’opposition.
Il voit dans tout cela une « surcharge de l’échiquier politique », porteuse de "nombreux blocages politiques et institutionnels".
Seize mois ont suffi, selon lui, pour s’apercevoir du « fossé très grand » entre le niveau des aspirations démocratiques et la réalité de la pratique politique. Cette situation a entraîné une grande déception des Mauritaniens et conduit à la « rectification du 6 août dernier », renchérit le diplomate.
Il s’y ajoute, rappelle l’ambassadeur Ould Bellal, que la majorité politique d’alors a changé de camp par rapport à l’ancien président, qui n’a pas «géré convenablement ses relations avec le Parlement et l’institution militaire dans un contexte d’insécurité et de chéreté de la vie.
«L’armée mauritanienne demeure le parrain réel de l’expérience démocratique enclenchée sous ses auspices », avance l’ambassadeur Ould Bellal convaincu que le dialogue politique attendu ouvrira de nouvelles perspectives pour son pays et dissipera les malentendus pour vaincre les réticences d’une partie de la communauté internationale.
تاريخ الإضافة: 30-08-2008 12:05:40 |
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