Nouadhibou de tout cœur pour l’indépendance nationale et celle de notre secteur de pêches.

mar, 2015-12-08 13:21

Assalamou aleykoum chers lecteurs Mauritaniens,

À l'occasion de la célébration du 55 ème anniversaire de notre chère indépendance nationale, dont notre capitale économique NOUADHIBOU fait aujourd'hui l'honneur, il m’a semblé opportun de partager cette fierté nationale par cet article déjà paru en français sur nos sites nationaux. J’y rajoute ce préambule en ayant une pensée particulière et admiratrice de tous nos martyrs qui ont donné leur vie pour notre bien-être.
En ce moment de gaité nationale et en ma qualité de citoyen ordinaire, je me sens offusqué par certains écrits qui entachent notre dignité nationale. Ma réaction n’aura certes pas de remontrance à faire aux vrais historiens, mais plutôt aux faux historiens qui veulent nous transformer en collaborateurs…
Je regrette qu’en ce jour du 28 novembre 2015, certains intellectuels mauritaniens estiment que les martyrs de notre indépendance ne sont que des misérables à la solde d’une oligarchie composée de marabouts et d’Emirs opportunistes et malveillants.
C’est donc nous dire que le colonisateur est le sauveur et rassembleur tant attendu par ce noble peuple de nomades et d’éleveurs. C’est également dire qu’Hitler avait droit d’occuper la France et que DEGAULE n’aurait pas dû résister à l’occupation de sa nation par les Allemands. C’est à dire qu’on doit applaudir l’occupation de l’Afghanistan et de l’Irak par les Américains.
Et pour clore le fantasme, ces fantaisistes viennent aujourd’hui appuyer la théorie de la fondation Marie Daddah, laquelle estime, pour sa part, que notre nouvel aéroport ne devrait pas porter le nom de la bataille OUM TOUNSY. Madame Daddah, que je respecte, est pourtant bien aimée par notre peuple…
Il ne reste plus qu’à sauter un plomb et nous dire franchement que cet aéroport devrait porter le nom de leur mentor Xavier CAPPOLANI. Bref.
Qu’Allah enveloppe de sa miséricorde le chérif- martyr SIDI OULD MOULAYE ZEIN et nos martyrs de OUM TOUNSY. Si certains irréductibles nationaux ne veulent pas entendre nos historiens de l’intérieur qu’ils apprennent le beau récit de ATILIT EDBECH auprès du vieux Sidi ould MOYCHANE encore en vie à Dakhla ..
Je ferme cette parenthèse en faisant une prière, en ce moment de commémoration de notre indépendance nationale, à nos véritables guides (Marabouts et Emirs) qui font la fierté de toutes nos composantes ethniques et tribales.
En effet, on se doit d’avoir constamment à l’esprit le prix de la vie de nos martyrs (toutes ethnies confondues), sachant que par leurs actes de bravoure ils ont fondé en Afrique l’unique nation multiethnique ayant comme dénominateur commun l’ISLAM véritable... Le mérite de l’appellation de ‘’République ISLAMIQUE de Mauritanie’’ revient au fondateur de la nation, le sage Moctar ould DADDAH (Allah yarhamou) et personne ne l’a contesté dans ce choix d’ISLAM qui fait l’unanimité en Mauritanie, et pour toujours…
Je reviens à un sujet du moment qui touchera également, en bien, la ville de Nouadhibou, laquelle fait, en ce jour historique du 28 novembre 2015, la une des villes nationales.
Il s’agit de cet accord de pêche RIM –UE et celui précédemment signé avec la Chine, lesquels ont déjà fait coulé beaucoup d’encre.
Sans vouloir troubler la fête, je vais me permettre cette interpellation publique sur le Net pour émettre, de bon cœur et sans rancune, quelques objections techniques inhérentes à ces accords et ce, à titre préventif pour l’avenir et sous forme d’ultime rappel...

C'est un simple avis d’un nomade-marin qui se veut averti, mais qui ne cherche pas à mettre en doute la bonne foi d’aucune partie mauritanienne ayant contracté avec les étrangers dans ce domaine complexe de la pêche, par le passé ou le présent.

Au contraire, j’approuve les aspects positifs de tous ces accords, mais à la place de ces protocoles et à votre libre esprit de comparaison, je soumets les propositions suivantes comme substitution future à ces divers accords à répétitions pour mettre ainsi un terme à toutes ces polémiques qu’ils suscitent sur le Net et dans les salons mauritaniens.

Il ne s’agira pas de jeter un pavé dans la mare, mais plutôt de faire des raccourcis productifs pour la stratégie sectorielle que le haut sommet de notre Etat voudrait désormais imposer à notre cher secteur maritime. Nous avons hâte de voir ce début d’application de ladite stratégie, car nous en attendons quelque chose de très positif pour notre secteur.

Je dis nous, parce que j’ose ici parler au nom des gens de mer (armateurs nationaux et leur personnel navigant). Je suis convaincu que ma démarche aura leur approbation, car je l’espère objective, apolitique, et donc non polémique.

A la fin de ma lecture, le lecteur qui se positionne à ma place, sans préjugé, comprendra sûrement cet engouement que peut ressentir tout travailleur honnête, en fin de parcours professionnel, pénible et à haut risque, lui faisant rater d’autres opportunités, et au bout du compte le marginalisant de tout ce qui touche à sa profession.

Ne vous étonnez donc pas chers lecteurs, si une fois en âge de conseil et de retraite, vous oserez écrire, sans détour, ce que vous croyez meilleur pour votre secteur d’activité et ce, même au préjudice de vous - même… Si préjudice il y aura après tout ce qu’on a enduré par la faute d'une certaine oligarchie qui, non seulement nous chapeaute, mais, de surcroît, veut tuer notre ambition. Bref.

Après ce préambule, je commence par dire que mes répliques techniques ne porteront aucune controverse vis-à-vis de l’autre lecture politique de cet accord de pêche RIM-UE, relativement bien illustré par la plume du Dr Sidi Elmoctar, lequel résume ainsi les autres aspects sociopolitique et financier dudit accord en disant, je le cite :

“En somme, un travail sérieux d’évaluation du protocole qui vient d’être scellé entre notre pays et l’Union Européenne, ne devra pas se limiter à comparer des chiffres et les conditions techniques, sociales et financières; un simple regard jeté sur les conditions des accords conclus depuis 1987 avec ce partenaire européen, aiderait à comprendre la philosophie qui tient derrière la conclusion des accords et de leurs protocoles, à apprécier les évolutions opérées en 2012 et à tolérer enfin, les petites concessions faites pour arriver, après plusieurs mois de blocage, au protocole signé hier ’’. Bref.

De par ma petite expérience de 15 ans en zone de pêche diversifiée sur nos eaux nationales, j'en suis sorti avec la conviction suivante : seule une véritable volonté politique de mauritanisation de tout ce qui flotte sur nos eaux nationales pourrait nous sortir définitivement de ce cycle infernal des accords RIM-UE, Chine etc…

Il nous suffit tout simplement, pour être souverain en matière de pêche maritime, de nous doter de la même volonté politique qui nous avait menés à la nationalisation de la MIFERMA-SNIM et à celle de la flottille militaire de la Marine nationale.

Souvenez-vous, suite à cette nationalisation du secteur des Mines, nous avions emboité le pas en mauritanisant les navires de pêche japonais et coréens qui avaient le monopole de la pêche céphalopodière (poulpe).

Autrement dit, si le nouvel accord de pêche RIM-UE, signé en 2015, interdit désormais aux Européens la pêche aux céphalopodes, c’est justement parce que la Mauritanie avait bien réussi la nationalisation complète des états majors et des équipages des navires céphalopodiers qui forment aujourd'hui notre flottille nationale de pêche. C’est la formation professionnelle et les stages de perfectionnement de nos officiers qui ont mené à ce monopole national.

C’est donc cette même politique de Mauritanisation des équipages des navires pélagiques, semi-pélagiques, crevettiers et langoustiers qu’on aurait dû prioriser dès le premier accord RIM-UE en 1987…

A présent, pour arriver à cet objectif, il me semble que notre nouvelle Académie Navale devra examiner la possibilité d’une telle mission de formation des états majors pour tout type de pêcheries, entre autres...

Je pense également à la nationalisation d’au moins un ou deux de ces autres navires marchands étrangers touchant nos ports et auxquels notre marine marchande devrait également y penser car, à ce jour, aucun navire de commerce ne bat un pavillon mauritanien.

la question suivante me taraude l’esprit : Qu’est ce qui empêche nos décideurs d’entreprendre la même politique qui a donné ses fruits à la SNIM et à la Marine Nationale ?

S’il s’avère que la nouvelle stratégie de notre Ministère des pêches comporte une telle perspective de Mauritanisation des équipages à grande échelle, nous pourrons certainement mettre graduellement un terme définitif à ces fameux accords de pêche et et à bien d’autres licences et affrètements qui font satisfaction aux Européens et aux Chinois et ceci, au détriment des nationaux.

Nous avions pu nous substituer aux pêcheurs Japonais puis Coréens et on se doit de faire de même sur tous les autres navires européens quel que soit leur type d'exploitation. C’est une question de souveraineté nationale.

Ceci est d'autant vrai que c'est valable pour tous les autres accords déjà signés, notamment avec la Chine.

Voyons par exemple le cas de cette centaine de vedettes (coque acier) construites en Chine, et dont la construction était initialement prévue localement sur le site chinois de Hongdong à Nouadhibou, comme d’ailleurs convenu dans le protocole d'accord sino-mauritanien. Aujourd’hui, on se pose la question suivante à leur sujet : pourquoi ne pas construire ces vedettes sur le nouveau Chantier naval de Mauritanie qui vient d’être décrété et statué ?

Ce faisant, ceux qui suivent ce dossier savent qu’on aurait pu ainsi expérimenter sur nos eaux nationales le premier échantillon des vedettes de Hongdong. Et après expérimentation en mer de la première vedette construite par nos professionnels, on pouvait remédier ainsi aux erreurs de construction en série auxquelles nous faisons face aujourd’hui après la livraison de cette centaine de vedettes inadaptées venant de la Chine.

En effet, à Nouadhibou, on peut remarquer que la société Hongdong est actuellement entrain de rallonger le pont métallique de chacune de ces vedettes et ce, en vue de tenter d'effectuer une sorte d'agencement convenable pour la pratique de toutes les pêcheries côtières en Mauritanie. Sauf que ce n’est pas encore gagné. J’en sais quelque chose pour avoir été sur le quai de Hongdong récemment.

On peut dire la même chose du projet des autres pirogues en fibre de verre, de moindre taille, dont la COMECA avait entamé la construction en vue de pratiquer tout type de pêcheries. Mais au final, pour cause de fragilité de leur structure en pvc, il s’est avéré que ce prototype de pirogues est un échec total. Elles ne parviendront jamais à l’objectif recherché ambitionnant toutes les pêcheries côtières (sardinelle, poulpe, chinchard, thon etc...).

A vrai dire, dans cette mésaventure de construction en fibre de verre (pvc), ce sont des conseillers japonais qui ont impliqué la SNIM, par le biais de sa filiale COMECA, laquelle filiale est pourtant mieux outillée pour la construction métallique plutôt que la construction en fibre de verre.

Cette décision a été prise entre les deux parties de façon unilatérale, sans le consentement des Associations des professionnels de la mer. La COMECA aurait dû décliner la proposition japonaise et imposer une construction coque acier dont elle maîtrise tous les contours métalliques.

Jusqu'à preuve du contraire, je reste pour ma part convaincu que seul un véritable chantier naval national est en mesure de révolutionner la zone franche de Nouadhibou en créant des centaines d’emplois directs et indirects, en plus de bien d’autres avantages que j’avais toujours cités dans mes précédents articles sur le naval.

Je ne me lasserai pas de dire que, dans ce domaine naval, la priorité devra rester pour un partenariat purement national (Ministère des pêches-SNIM). C’est cela qui permettra de consolider le tissu social entre nos deux familles professionnelles (les travailleurs de la SNIM et les marins pêcheurs) qui forment les 2 fleurons de notre fierté nationale, car, en effet, malgré ce manque de cohésion d’idées de nos décideurs, nous sommes unanimes sur la réalité suivante : ‘’ C’est cette main d’œuvre nationale qui a largement contribué au développement économique et social de nos deux secteurs vitaux (Pêche et Mine) ‘’.

Si nos décideurs nationaux sont réticents à ce sujet de partenariat national dans le naval, par méconnaissance ou par manque de courage et de confiance en soi-même, auquel cas, ils se doivent alors, comme dernier recours, de contracter momentanément avec un partenaire technique étranger fiable.

Ce contrat doit être limité à une période suffisante afin de nous permettre l’acquisition du savoir technologique nécessaire à la construction de notre propre flottille, à son carénage et à sa réparation localement. On ne doit plus tout abandonner éternellement au profit des chantiers étrangers…

En dépit de mes remarques techniques, encore rattrapables, je me dois tout de même de louer les nombreuses réalisations citées par Mr Sidi Elmoctar. J’y rajoute la reforme imminente dans le domaine de la sécurité maritime, précisément celle touchant le sous secteur du contrôle technique de conformité des navires.

Sachant qu’à défaut de la création d’un Centre National pour la Sécurité des Navires, il serait alors judicieux de mettre cette fonction régalienne du contrôle de conformité des navires sous la tutelle de la nouvelle Académie Navale Nationale, ou bien la confier à deux organismes privés qui soient agréés et prédisposés à collaborer, plutôt que de continuer de la confier à une dizaine d’organismes privés, sans qualifications …

Néanmoins, quel que soit l’organisme retenu, il faudra tout de même un suivi par une Autorité de régulation... En effet, ce contrôle technique actuel est complaisant, voire inexistant puisqu’il n’est pas géré ni suivi par un ayant-droit... Et c’est justement ce laisser-aller, longtemps négligé, qui a causé de nombreux accidents en mer, en plus du délabrement de notre flottille nationale de pêche et l’enlèvement de dizaines d’épaves déjà sorties coûteusement.

Ceci dit, cette reforme louable, en cours d’élaboration par l’actuel Ministre des Pêches Monsieur Ould Chrougha, vise donc à renforcer la sauvegarde de nos vies humaines en mer, la sécurité de nos navires et des cargaisons à bord, ainsi que la protection de notre environnement maritime.

Cela est donc en parfaite adéquation avec la nouvelle politique de renouvellement de notre vétuste flotte que je salue également. Cependant, cette reforme louable ne devra pas toucher que le secteur industriel. Elle doit être élargie aux secteurs côtier et artisanal où il y a le plus d’insécurité.

En résumé, pour aboutir à une indépendance nationale en matière de pêche maritime, il faudra, au court ou moyen terme, se décider à mettre un terme définitif aux licences et affrètements de bateaux étrangers.

Pour cela, et pour la survie de ce secteur des pêches (notre principale richesse renouvelable), et pour la protection de son écosystème, il faudra dorénavant encourager certains armateurs nationaux, soucieux de l’intérêt général, à se substituer aux étrangers et ce, par l’achat de quelque grands navires à tout pêcher mais qui ne soient pas sous normes...

Pour faire la part des choses, notre nouvelle Académie navale se doit d’acquérir un grand navire-école suréquipé en appareils d’aide à la pêche diversifiée et en matériels d’armement de pointe pour parfaire la formation pratique des états majors nationaux.

Quant au sujet inhérent au nouveau Chantier Naval de Mauritanie, à défaut d'un fort partenariat avec la SNIM, il est souhaitable pour la Direction dudit chantier national de contracter provisoirement avec un partenaire technique étranger fiable (du Nord ou du Sud) et ce, dans le but de transmettre la technologie navale à un staff technique national en mesure de prendre la relève du partenaire étranger. Je suis désolé de me répéter mais je suis obnubilé par cette question de souveraineté nationale.

C'est dans ma fibre. Ce faisant, on peut ensuite s’adonner tout seul à la construction et à l'exploitation de notre propre flottille puis à son carénage local par nos propres moyens.

Enfin, j’espère que cette modeste contribution technique trouvera une écoute attentive auprès de qui de droit, sachant que mon avis est également largement partagé par les représentants de nos Associations professionnelles, anciens navigants comme moi.

Bien que ce secteur maritime nous ait permis de gagner dignement notre vie, Dieu merci, cela ne nous empêche nullement d’être épris par son avenir dans l’intérêt général, et ceci beaucoup plus par l'effet d'une fibre"génétique" qui nous est intrinsèque que par un souci d'ordre purement économique ou par tout autre intérêt personnel éphémère.

Mais dans ce bas monde, c'est dur de prouver sa bonne foi.

Cette dernière remarque m’avait été faite par un proche et sage cousin qui voudrait que ma plume abandonne de tels articles infertiles sur le maritime. Selon lui, la révolte ne mène à rien dans notre environnement culturel, et il donne comme preuve l'échec de la légitime révolte arabe visant une justice sociale pour une vie meilleure.

Ceci est un plus vaste sujet politique que notre mystérieux et clairvoyant X ould Ya également et malheureusement abandonné… Pour ma part, je me remets à la volonté d’Allah le tout puissant et je pose ma modeste plume qui n’a jamais manqué de jaser, en période de vacances, sur notre actualité maritime qui me tient le plus à cœur.

J’avoue que j’étais obsédé par un projet de chantier naval pour mon pays et ceci, depuis plus d’une décennie, comme peuvent le témoigner certains de mes proches et des internautes. Sauf que ce projet naval m’a été subtilisé par plus fort que moi, lequel vient de poser la pierre d’inauguration du Chantier Naval du Cap Blanc en zone franche de Nouadhibou. Je suis allé le féliciter et lui souhaiter sincèrement une bonne réussite.

Je remercie enfin tous ceux qui m’avaient aidé dans mon projet naval avorté et dans mon passé professionnel. Je ne peux les citer ici de peur que ce soit signe d’hypocrisie. Je réserve cela pour les mémoires du nomade-marin...

D’ici là, je change mon cap maritime, contre mon gré, et j’annonce ainsi ma défaite pour me consacrer, si Dieu le veut, à un petit projet agro-pastoral et à ma retraite en famille sur la route Atar – Akjoujt (Taiba echourava)...

El Arby ould Moulaye El Hassan

Ancien Navigant

Inspecteur de la sécurité des navires et de la prévention des risques professionnels maritimes.

Emissions

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