Carrefour de la mosquée marocaine: Les petits vendeurs improvisent un marché
Faute de moyens et de places mais aussi jugeant les marchés locaux trop étroits, nombreux sont les petits vendeurs et les femmes commerçantes, à Nouakchott, qui étalent sur le trottoir et la voie publique leurs marchandises.
Un phénomène habituel dans la capitale même s’il perturbe le trafic des véhicules et fait courir des risques certains aussi bien aux commerçants qu’à leurs clients, sans oublier les passants.
Cela est d’autant plus vrai que la Communauté urbaine de Nouakchott n’a de cesse de livrer bataille contre ces occupants illégaux des espaces de dégagement de la voie publique, notamment devant les grands marchés.
Cette fois, ce ne sera ni le Marché Capitale, ni le Marché Socogim dit Mçid-el-maghreb, mais tout bonnement un carrefour de la mosquée marocaine reliant la capitale aux quartiers El Mina et Sebkha.
En effet, pour ceux qui ont l’habitude d’emprunter la voie menant de la polyclinique à la mosquée marocaine, ce fut sans doute une grosse surprise que de voir s’installer graduellement, ce marché anarchique et aux odeurs nauséabondes autour d’un carrefour en face d’une mosquée aussi imposante.
Le hic est que cela se passe dans l’insouciante des autorités concernées. Zoom, alors sur ce nouvel épisode de l’interminable aventure des petits vendeurs.
Des étals bloquant le passage
Légumes, épices, charbon de bois, chèvres, etc. Toutes ces variétés nécessaires à l’approvisionnement d’un marché local, sont étalées par des marchands, parasités par des ambulants qui se faufilent entre caisses de poissons, chariots, ânes et voitures, exposant aux visiteurs et aux passants, sachets vêtements, cartes de recharges téléphoniques, ... Ici, un monde fou grouille entre quincailleries, menuiseries métalliques, camions et véhicules garés au bord du goudron. La «Médina 3» et la «Médina R» qui ne sont séparées que par un double voie en sens inverse et unique, semblent avoir brisé leurs barrières, invitant les ménagères d’El Mina et de Sebkha qui traineraient leurs paniers entre le marché du poulet et des poissons, celui de la Socogim, le marché Socim et le Marché du charbon, d’écourter le trajet en s’arrêtant au carrefour de la mosquée marocaine, où, désormais, tout ou presque, y est.
Ainsi donc, quotidiennement, sur les abords de ce carrefour négligé de la mosquée marocaine et malgré l’existence d’autant de marchés sur un rayon de moins d’un kilomètre, ce sont des étals de toutes sortes qui envahissent également l’entre-deux voies de la route prolongement de l’avenue J.F.Kennedy.
Mais ce qui est grave, voire impensable et forcément inadmissible, dans ce spectacle, c’est que marchands et marchandises partagent le même passage avec les véhicules ! Car, il s’agit d’une quasi fermeture des ces axes, provoquée, chaque matin et soir, par des embouteillages interminables.
Pourtant, cette mosquée marocaine, réputée parmi les trois mosquées-phare de Nouakchott avec la mosquée Jamaâ-el-atigh et la mosquée saoudienne, avait récemment connu une campagne de destruction des boutiques qui l’entouraient pour libérer ainsi son panorama touristique.
Les petits vendeurs, conscients des dangers
Conscients d’avoir enfreint la loi, donc agissant à leurs risques et périls, les petits vendeurs ne donnent pas l’air d’être prêts de changer de comportement. «Oui, il y’a des risques, une voiture sans frein peut à tout moment venir tout faucher et même nous faucher la vie, mais il faut bien pouvoir exposer nos produits si on veut les vendre et gagner quelques chose», a déclaré un commerçant. Sa voisine renchérit : «Nous savons qu’ici n’est pas une place de vente, si les chauffeurs étaient méchants ils iraient nous massacrer».
Un vendeur de légumes ajoute : «Nous vendons dans la peur, les voitures passent de tous les cotés !».
«A l’intérieur du marché nous sommes, à chaque fin de mois, harcelés par des loyers cher qui varient entre 40000 UM et 50000 UM. Des fois, les propriétaires des cantines nous cèdent 1m2, devant leurs boutiques, contre une sommes allant de 3000 UM à 8000 UM, sans compter 300 UM de taxes pour le marché», précise un vendeur. D’autres commerçants justifient leur occupation illégale par la stagnation des activités à l’intérieur du marché local. «Nous resterons parfois, 3 à 4 jours sans liquider nos caisses, ni payer les pêcheurs qui nous fournissent le poisson», dit une commerçante.
A la question de savoir si la mairie les a autorisés à vendre ici, une vendeuse affirme : «Personne ne nous a autorisés mais la mairie sait ce qui se passe ici. Avant hier ils sont venus nous chasser, mais hier, ils nous ont fait signe de rester. Ils viennent ici chaque jour nous demander de quitter, nous leur disons, donnez nous une place d’abord. Ils nous chassent mais nous sommes têtus, parce que nous n’avons pas autre choix. Des fois la police vient saisir nos bagages, ensuite nous payons pour les récupérer, et des fois certains bagages se perdent».
La mairie décide d’agir
Contacté par Nouakchott Info, l’adjoint au maire de Tevrag Zeina, M. Yacoub Ould Habib, a affirmé que la commune de Tevragh-Zeina a, par trois fois, demandé aux commerçants qui occupent illégalement le carrefour de la mosquée marocaine, de quitter les lieux et qu’elle les «fera quitter le carrefour, au plus tard, ce soir (ndlr: hier)».
Interrogé sur ce retard de réaction dont a fait preuve la mairie, alors que ce marché anarchique, cause depuis quelques jours un embouteillage intenable, dans le trafic des véhicules, M. Yacoub a souligné, que «la mairie de Tevragh-Zeina ne savait pas que le carrefour de la mosquée marocaine dépendait d’elle, nous pensions relevait plutôt de la commune d’El Mina.»
Mohamed Diop
تاريخ الإضافة: 2009-02-17 21:17:04 |
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