Procès Khattou-Tandian/Interview de Baba Tandian : «Je ferai appel et je n’enlèverai pas une virgule de ce que j’ai dit !»
Dans un souci de professionnalisme et de crédibilité, Nouakchott Info avait, dans sa dernière livraison du jeudi dernier, donné la parole à Me Lô Gourmo Abdoul, avocat de l’ex-Première Dame Khattou Mint El Boukhary. Aujourd’hui, nous renvoyons le micro devant l’accusé M. Baba Tandian.
L’on se souvient que lors de la plaidoirie du 15 janvier dernier, devant le tribunal hors classe de Dakar, le pool d’avocats de l’ex-Première dame, Madame Khattou Mint El Boukhary, avait réclamé à l’imprimeur Baba Tandian la somme de 200 millions F.CFA comme dommages et intérêts. Finalement, le juge sénégalais a condamné, jeudi 19 février courant, l’accusé Tandian à 3 mois avec sursis et une amende de 15 millions F.CFA.
Me Lô Gourmo, Me Aissata Tall Sall et Me Moulaye Ghali Ould Moulaye Ely, les trois avocats de la mise en cause ont célébré leur victoire, vendredi 20, en tenant une conférence dans la capitale sénégalaise. Seulement, la bataille juridique ne semble pas connaître son épilogue, parce que le condamné veut faire appel.
Nouakchott Info : Quel est votre état d’esprit après votre condamnation à 3 mois avec sursis et 15 millions F.CFA d’amende ?
Baba Tandian : Ecoutez, nous sommes hyper sereins, parce que nous croyons à la vérité. Nous croyons ce que nous avons dit, c’est la stricte vérité. C’est une vérité connue par toute la Mauritanie, pratiquement par tous les nouakchottois. Donc comme j’ai eu à le dire par le passé, même après cette condamnation, je n’enlèverai pas une virgule de ce que j’ai dit. Je voudrais également dire que nous avons été surpris par notre condamnation, parce que nous avons quand même fourni plus de trois kilos de preuves. Donc vous comprenez la surprise qui est la nôtre aujourd’hui à cause de cette condamnation. Mais bon, nous n’allons pas épiloguer. On peut penser ce que l’on veut. Et on ne va pas revenir sur nos déclarations. Certes, nous sommes condamnés. Il faut savoir que l’on peut l’être même étant de bonne foi, parce que l’erreur est humaine. Mais comme le législateur a bien fait en créant d’autres voies, c’est à dire des voies de recours, nous allons par conséquent, faire appel pour corriger le premier verdict. Que personne ne se trompe, nous irons en appel pour apporter d’autres preuves car ce que nous avons exactement dit est la vérité.
NI : Que pensez-vous de l’acte d’accusation qui est la diffamation ?
B.T : On peut penser à ce que l’on veut, mais je maintiens ce que j’ai dit. Mes intentions n’étaient pas de diffamer ou d’insulter. Comme nous avons eu à le dire, on ne peut pas donner 50 millions à un homme pour qu’il gagne les élections présidentielles et revenir insulter sa femme après. Cela n’est pas dans mes habitudes. Et ce n’est pas non plus une coutume Soninké. Nous, les Soninké, nous ne savons pas retourner nos vestes. Les gens qui retournent souvent leurs vestes, peut-être ils le font pour l’aspect financier. Je pense que ce n’est pas mon cas. Je crois que les gens n’ont pas pensé de cette manière. Je n’ai pas de problème financier. L’ethnie à laquelle j’appartiens ne sait dire que la vérité, rien que la vérité. Les déclarations que j’ai faites dans le quotidien Le Matin, ce sont des vérités pour moi et pour les Nouakchottois.
NI : En disant, «nous irons en appel pour apporter d’autres preuves», faites-vous allusion à d’autres témoins ?
B.T : Mais bien sûr ! Des témoins, il y en aura d’autres. Comme j’ai eu à le dire, nous savons beaucoup de choses. Nous irons en appel, j’espère que vous comprendrez que je ne puisse pas vous dévoiler notre stratégie en appel.
NI : Que pensez-vous de cette déclaration de Me Lô Gourmo Abdoul: «Il est beaucoup plus facile, à mon avis, et plus humain de sa part de demander excuse. Baba Tandian a commis des gaffes monstrueuses, nous attendons de lui qu’il dise «Je m’excuse». Quelles que soient les raisons, qu'il demande pardon. Nous sommes en Afrique et nous sommes des musulmans. Dans ces deux sociétés, on pourrait trouver des formules et des arrangements dans ce sens.»
B.T : Me Lô Gourmo a bien raison de dire que nous sommes en Afrique. Si tel n’était pas le cas, je le vois mal gagner ce procès et je n’ai pas de commentaire à faire dessus. Maintenant qu’il me demande de faire des excuses publiques et qu’il ne s’agit pas de problème d’argent, je tiens tout simplement à lui rappeler que lors des élections présidentielles et pour participer à la nouvelle démocratie mauritanienne, j’avais offert personnellement l’équivalent de 50 millions de FCFA en affichage à Sidi Ould Cheikh Abdallahi, comme étant ma contribution à l’essor démocratique de la Mauritanie. Ce que j’ai déclaré dans mon interview et qui m’a valu cette condamnation, que mes avocats et moi contestons et le législateur a bien fait les choses en donnant la possibilité du recours, ce dont je me fais prévaloir puisque c’est mon droit. Il ne faut pas qu’il compte sur moi pour présenter des excuses. Maintenant ce n’est pas eux qui attaquent. Mais c’est moi qui contre-attaque en faisant appel. J’estime que j’ai raison et ne je ne veux pas maintenant abandonner. Je vais maintenir mes déclarations jusqu’à l’extinction du soleil. Je ne vois pas pourquoi j’ai raison et je vais demander pardon. Si je dois payer l’amende de 15 millions F. CFA, je crois que j’ai les moyens pour les payer. Ce n’est pas l’argent qui m’effraie. Pour le coup d’Etat du 6 août 2008, je crois que le Sénégal et la Mauritanie avaient le droit de connaître la vérité sur ce coup d’Etat. Maintenant, la vérité, ils l’ont eu et je ne voudrais plus palabrer sur quoi que ça soit. Mais je dis et je redis que je ne changerai pas de position. Que personne ne compte sur moi pour demander pardon, jusqu’à l’extinction du soleil. Je voudrais également ajouter, -puisqu’il faut que les Mauritaniens comprennent- qu’il n’était pas dans mon intention d’insulter ou de diffamer cette femme-là, parce que je ne la connais pas ni de près ni de loin. Si j’ai eu à recevoir personnellement son mari dans ma maison et participer à sa campagne présidentielle à hauteur de 50 millions F.CFA, si j’ai fait ce geste, franchement, c’est parce que je voudrais qu’il y ait une démocratie en Mauritanie. Mais je viens de comprendre que beaucoup ne comprennent pas qu’est-ce que c’est que la démocratie.
NI : Un dernier mot ou souhait pour la démocratie en Mauritanie?
B.T : Ce que je peux souhaiter pour la démocratie en Mauritanie, je dirai tout simplement que c’est dommage que Sidi ait échoué. Il a échoué parce qu’il n’a pas su résister à sa famille. Etant un ancien ministre, je crois qu’il avait toutes les cartes en main pour réussir à la tête de la Mauritanie, mais c’est dommage. Aujourd’hui, je souhaite que la Mauritanie retrouve rapidement le chemin de la démocratie, ce n’est pas le cas actuellement, parce que, les militaires doivent rester dans les casernes. Ce sont les civils qui doivent diriger, pour cela, il faut qu’il y ait de la démocratie en Mauritanie. C’est ce que le Sénégal souhaite pour la Mauritanie, pour que nous puissions vivre en harmonie totale en se regardant et en se copiant.
Propos recueillis par Camara Mamady
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تاريخ الإضافة: 22-02-2009 12:37:14 |
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