Interview exclusive de Ladji Traoré SG de l’APP et dirigeant actif du FNDD
«Quand on dit qu’une manifestation est interdite, on ne part pas en innocent »
Le dimanche dernier, Nouakchott a été le théâtre de plusieurs escarmouches opposant la police antiémeute aux militants du FNDD qui tenaient coûte que coûte à organiser une marche de protestation de grande envergure contre le coup d’Etat du 6 août ayant renversé le président Sidi Ould Chjeikh Abdellahi, appelant ainsi les mauritaniens à « faire la démocratie » en réclamant vivement le retour à la légalité.
Sans tenir compte de l’interdiction formelle de toute « manifestation à caractère politique »formulée par l’administration, le FNDD a plutôt tenté d’organiser plusieurs manifestations simultanées en des endroits différents, malgré la répression policière.
Nouakchott Info est allé rencontrer M. Ladji Traoré, secrétaire général de l’APP et dirigeant actif du Front National pour la Défense de la démocratie(FNDD) pour faire le bilan de cet affrontement qui, semble-t-il, inaugurent une nouvelle ère de confrontation entre le gouvernement et l’opposition. Une opposition qui continue, à réclamer le retour de l’ancien président Sidi Ould Cheikh Abdellahi à la tête du pays comme condition sine qua non au dialogue en vue d’une sortie de crise.
Entretien...
Nouakchott-Info : M. le secrétaire général, qu’est-ce qui s’est passé le dimanche ?
Ladji Traoré : Ce qui s’est passé hier est relativement simple car on a eu à élaborer une stratégie de manifestation tout en tenant compte de l’expérience de lutte clandestine qu’a connue le pays par le passé. Quand on dit qu’une manifestation est interdite, on ne part pas en innocent. Nous avons mis notre expérience à profit de notre mouvement. Ça a commencé depuis le 27 septembre où nous avons écrit une petite lettre au wali et nous avons décidé de laisser passer la fête pour enfin appeler les mauritaniens pour aller faire la démocratie. La réponse du wali était laconique et inappropriée car elle stipulait : « en effet, toutes les manifestations à caractère politique devant être organisées sur la voie publique, sont suspendues jusqu’à nouvel ordre ». Puis nous avons répondu par une deuxième lettre qui comprenait plusieurs griefs, notamment les atteintes aux libertés publiques.
NI : Est-ce que le wali a répondu ?
LT : Oui, il m’a convoqué le 4/10 au soir à 18 heures dans son bureau pour me répéter les mêmes termes de sa lettre.
NI : Quelle a été votre réaction?
LT : Nous avons souhaité cette ouverture pour le dialogue afin de trouver une solution médiatique pour éviter une manifestation d’affrontement. Ce qu’il n’a pas voulu recevoir, repoussant d’un revers de main poli cette proposition. Je suis alors revenu annoncer la réponse négative de l’administrateur au comité de crise du FNDD.
NI : Comment vous avez organisé les choses ?
LT : Persuadés que l’autorité était décidée à interdire notre manifestation par tous les moyens quitte à aller vers l’affrontement, nous nous sommes organisés en conséquence. Notre service d’ordre a reçu des instructions d’encadrer les manifestants à pied et en voitures.
NI : Quelles étaient les premiers actes ?
LT : Nous avons choisi cinq points regroupant tout autour de l’itinéraire déjà annoncé officiellement à l’autorité et qui se trouve être déjà occupée par les escortes de police anti-émeute armés de matraques et de grenades lacrymogènes d’un type particulièrement imitant.
NI : Quelles étaient les instructions ?
LT : Ordre a été donné d’encadrer plusieurs manifestations simultanées en plusieurs endroits de la ville et de tenir au maximum devant la police antiémeute.
NI : Est-ce que les dirigeants sont réellement descendus dans la rue ?
LT : Les dirigeants se sont donné rendez-vous au carrefour BMD à 18 heures précises. C’est au cours de leur déplacement vers ce point nommé qu’ils ont été interceptés par des policiers qui les ont arrêtés et copieusement gazés entre l’école Khayar et le siège du journal « L’Authentique », après une résistance remarquable et pacifique.
NI : y a-t-il eu des violences particulières ?
LT : Il y a un élu arborant son écharpe officielle qui a été pourchassé et bastonné par les policiers qui l’on projeté dans la poussière.
NI : Certaines sources parlent de blessés, qu’en est-il ?
LT : Il y a eu quelques uns qui ont été signalés, notamment Messieurs Samba Ould Cherif et Semetta Ould Bilal qui ont été à l’hôpital.
NI : Et les interpellations ?
LT : Il y’en a eu six au total dans les rangs des militants du FNDD dont Ezedine Ould Cheikh Abdellahi et sa sœur ou sa femme.
NI : Est-ce que le Front compte toujours aller dans la confrontation ?
LT : Le Front n’a pas privilégié une forme d’action donnée. Il multipliera, jusqu’au retour de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, toutes les formes d’action diplomatiques, politiques et de masses, y compris les actions spécifiques aux jeunes, aux femmes et aux syndicats qui ont déjà arrêté une manifestation pour le mardi 7 octobre.
NI : Pourquoi le point de presse du dimanche était-il annulé ?
LT : Ce point de presse était prévu à 19 heures, mais étant donné la succession des événements, un point de presse à chaud a été tenu à 18h50 au siège de l’APP et nous avons reporté la conférence de presse au lundi à 17 heures.
Propos recueillis par Ely Ould Maghlah
| تاريخ الإضافة: 07-10-2008 15:53:58 |
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