Entretien avec Zeinabou Mint Kharchi, vice-présidente de Tewassoul:
Zeinabou Mint Khattri, Vice-présidente du part Tewassoul
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«La politique n’est pas linéaire et il est normal qu’il y ait des hauts et des bas, mais nous restons dans la majorité.»
Nouakchott Info: Vous êtes la première femme vice-présidente d’un parti «islamique» (Tewassoul) dans notre pays. Pouvez-vous nous dire ce que la femme que vous êtes a de différent par rapport aux autres politiques, en particulier, hommes dans ce parti, pour occuper ce poste?
Zeinabou Mint Kharchi: C’est une ouverture de notre parti qui, en tant que formation politique à référentiel islamiste, montre que la femme n’est pas du tout marginalisée mais plutôt qu’elle joue un rôle important comme le lui a témoigné l’Islam dans le passé.
N.I.: Votre parti vient de quitter le gouvernement, plutôt par la petite porte. Ne croyez-vous pas que c’est un coup de poignard dans le dos, car vous étiez à l’opposition, on vous en a fait sortir pour entrer dans la majorité et vous voilà ni dans cette opposition ni dans le gouvernement?
ZMK: Je crois que nous sommes entrés par la grande porte puisque nous avons été invités à participer au gouvernement avant, ce que vous qualifiez de «sortir par la petite porte». Nous avons accepté l’offre parce que nous tenons aux réformes, à l’unité nationale, parce que les conditions actuelles du pays sont difficiles en particulier, celles des populations et parce que notre parti a voulu apporter sa pierre de contribution au redressement du pays. Ceci fait, récemment, il y a eu cette crise politique et je crois que le président de notre parti a donné des réponses claires à ce sujet lors de sa dernière conférence de presse à laquelle vous étiez présent, notamment en disant que nous avons été heureux de participer au gouvernement et serons encore plus heureux d’en être sortis si cela peut contribuer à faire avancer les choses et sortir le pays des difficultés. Cela d’autant plus que nous restons dans la majorité, même si notre positionnement définitif sur la scène politique sera fonction de la décision de notre Bureau Politique qui se réunira pour ce faire.
N.I.: L’on se souvient qu’à l’entrée au gouvernement de votre parti, celui-ci prétendait qu’il créditait le Président d’une bonne foi, qu’il avait la conviction que le Président apporterait les réformes et le changement tant espéré … Qu’en est-il resté de tout cela après votre sortie du gouvernement?
ZMK: Le Président a toujours eu de bonnes intentions, çà c’est clair et nous le créditons de cette confiance déjà avouée. De même, étant donné que son programme pour lequel la majorité des mauritaniens avait voté et à la lumière duquel nous étions entrés au gouvernement pour l’aider, n’est pas encore totalement réalisé, nous ne pouvons douter de sa bonne foi et notre sortie du Gouvernement ne change rien à cette conviction que nous avons.
NI : Au sein de votre parti, il y avait, la veille de votre décision d’entrer au gouvernement, un courant pour et autre contre. Maintenant que l’expérience a tourné court, est-ce qu’il ne fallait pas donner raison?
ZMK: La politique n’est pas linéaire et donc c’est normal qu’il y ait des hauts et des bas. Comme l’a dit notre président, nous ne regrettons pas d’avoir participé à ce gouvernement. Notre parti fonctionne de telle sorte qu’il peut y avoir des désaccords dans des points de vue au niveau de certains de ses membres, mais il y a des mécanismes de décisions que nous respectons. Lorsqu’une décision est prise suivant ces mécanismes, tout le monde la respecte et la défend y compris ceux qui y étaient opposés.
NI : Al Vadila et Tewassoul ne font-ils pas un, sachant que tous deux sont des partis islamistes? Est-ce que vous vous rejoignez idéologiquement? Sinon est-ce que la création de ce parti ne vous a pas affaibli?
ZMK: Non, car chacun a ses particularités. Nous sommes un parti islamiste centriste modéré, ouvert et prônons la démocratie. Nous ne monopolisons pas l’islam comme idéologie pour nous seuls. En étant démocrates et à référentiel islamiste, nous laissons la voie libre aux autres pour créer leur propre cadre politique. Nous sommes tous deux à référentiel islamiste, certes, mais nous sommes deux formations politiques différentes. Cette différence n’est pas idéologique et j’ose même croire que nous nous complétons. C’est pourquoi, la venue sur la scène politique de ce parti ne nous affaiblit pas. Nous le respectons beaucoup et cela nous encourage dans notre œuvre, comme ce sera le cas si un autre parti à référentiel islamiste venait à voir le jour.
NI: Vous avez regretté pour Hatem, son exclusion par le RFD du bureau de l’Assemblée Nationale et vous lui avait auparavant cédé la présidence du groupe parlementaire que vous dirigez au Sénat. N’y a-t-il pas là un signe de complicité qui rappelle celui par lequel on vous accuse d’avoir été de mèche avec les putschistes du 8 juin 2003?
ZMK: Nous avons d’excellences relations avec le parti HATEM avec lequel nous partageons deux groupes parlementaires dans les deux chambres, d’une part et d’autre part, nous nous rejoignons dans la lutte contre la gabegie, la mauvaise gestion, etc. Je porte à votre connaissance que nous ne sommes pas les seuls à avoir dénoncé l’exclusion de cet important parti politique national. L’APP aussi, a dénoncé cette exclusion et c’est une bonne chose. Sur le 8 juin, je tiens à souligner que nous n’avons jamais, que ce soit du temps où on s’appelait Réformateurs Centristes, ou en tant que Tewassoul eu des rapports avec les putschistes du 8 juin dans le sens que vous insinuez, ni d’ailleurs dans un quelconque autre sens.
NI : Vous présidez la commission centrale d’organisation du premier congrès ordinaire du parti Tewassoul qui se tiendra du 24 au 26 juillet courant au palais des congrès de Nouakchott. Soit un peu moins d’une année déjà de la création de votre parti. Pourquoi, maintenant alors que vous traversez une mauvaise passe en étant rejeté par l’ancienne majorité qui n’a pas voulu de vous au gouvernement?
ZMK: La décision de la tenue du congrès a été prise bien avant l’éclatement de la crise et elle est l’aboutissement de tout un processus d’implantation du parti sur l’ensemble du territoire national et dans nos colonies à l’extérieur. C’est un congrès qui se prononcera sur la structure définitive du parti, sachant que depuis sa création, ses structures dirigeantes et autres n’étaient que provisoire. Maintenant nous allons élire le président, ses adjoints, le secrétariat général, le conseil national et le bureau politique. C’est donc le congrès de légitimation des instances du parti et pas moins de 600 congressistes y prendront part. Nous avons, à cette occasion, invité bon nombre de personnalités nationales et internationales, politiques, intellectuelles, islamistes, notamment du Maghreb, de la sous-région ouest-africaine et du monde arabe. Ce congrès est donc très important pour nous et des sous-commissions travaillent d’arrache-pied à sa réussite, telle celle des textes, d’organisation, de communication. Je voudrais rappeler, au passage que nous serons ainsi le premier parti politique à organiser son premier congrès ordinaire en moins d’une année.
Quant au soi disant rejet de la majorité ancienne, je vous renvoie à ce que j’ai dit plus haut.
Propos recueillis par Mohamed Ould Khattatt
| تاريخ الإضافة: 13-07-2008 13:36:17 |
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